Dans le cadre du soutien et de la reconnaissance des artistes professionnels de la Polynésie française, le Ministère de la culture s’est engagé dans une action de mise en valeur des talents du fenua. Le 15 janvier 2020, le gouvernement de la Polynésie française a ainsi inauguré « Penu », une sculpture de 2,5 mètres de haut et 3,5 tonnes de l’artiste Jonathan Mencarelli. Une commande publique mêlant nature et culture dans un dialogue avec le jardin du CESEC, lui aussi prochainement appelé à être inauguré.

C’est à l’occasion des vœux du Président de la Polynésie française Edouard Fritch que « Penu », sculpture monumentale de Jonathan Mencarelli, a été inaugurée dans le jardin du CESEC, en présence des membres du gouvernement, du CESEC et de la direction de la culture. 6 semaines après avoir été installée dans les jardins du CESEC à Papeete, l’œuvre a été dévoilée par le Président du Pays, Edouard Fritch, accompagné du ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, du Président du CESEC, Kelly Asin-Moux et de l’artiste le 15 janvier 2020.

Winiki Sage, ancien président du Conseil économique, social et culturel a tout d’abord rappelé les origines du projet : un dialogue entre nature et culture, après la création d’un jardin de plantes endémiques et médicinales traditionnelles aux abords de l’institution en 2014. Ce lieu de transmission dédié à la flore locale à destination des écoles et des touristes sera dorénavant l’occasion de découvrir également ce penu, symbole revisité de la culture polynésienne. Cet objet permettant la transformation des plantes devient ici le symbole de ce jardin.

« Le penu est un des objets les plus emblématiques de la Polynésie : utilisé dans le tatouage pour écraser les pigments, il l’était aussi dans l’alimentation, comme monnaie d’échange, comme objet cérémoniel sans oublier dans la pharmacopée. » explique à l’occasion de l’inauguration Jonathan Mencarelli, artiste à l’origine de l’œuvre.

Heremoana Maamaatuaiahutapu, Ministre de la culture, a quant à lui tenu à valoriser le rôle essentiel du statut d’artiste professionnel. Il a rappelé la loi du pays n° 2016-18 du 19 mai 2016 et les dispositions mises en œuvre pour soutenir ce vivier d’artistes à travers bon nombre de commandes publiques ainsi que la mise à disposition d’un lieu de création, Hamani Lab. Le ministre a également évoqué l’installation de la sculpture et les questions de mise aux normes, indispensables à toute œuvre installée dans l’espace public. Il est revenu brièvement sur le parcours de l’artiste à travers sa participation à des événements internationaux (Chine, Thaïlande, Nouvelle-Zélande).

Enfin, Jonathan Mencarelli a commenté son geste artistique comme une volonté de représenter l’aspect vivant de la culture du fenua : l’émergence de la matière et de la nature. L’artiste explique son choix de n’avoir travaillé qu’une partie de la surface de la pierre : « Dans une forme allongée, élancée, sobre, une partie du bloc de roche est resté complètement brut, naturel. Ce bloc représente une forme érigée, symbole d’une culture dynamique, vivante, qui grandit, qui émerge de la nature et qui est ancrée. Le penu entier, encore conservé en partie dans sa matrice pourrait symboliser des pans de la culture disparus, un côté mystérieux, une face cachée laissant des interprétations assez libres. » Ce penu gigantesque s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste : des objets polynésiens faits en pierre et développés à sa manière.

L’emplacement de cette œuvre a été réfléchi en fonction de son insertion dans le paysage des jardins du CESEC et en fonction de la trajectoire solaire, en collaboration avec le ministère de la Culture et le Service des Parcs et Jardins et de la Propreté (SPJP).

Pour faire aboutir ce lien entre nature et culture, il faudra attendre l’inauguration du jardin de l’institution, qui pourrait être baptisé jardin Rau Maire.

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Rédactrice et crédits photos : Vaea D.