C’est le retour d’Hell Ton John, alias HTJ, à la galerie Winkler, avec Fifteen, sa quinzième exposition. Depuis sa « première » en 2008 à la salle Muriavai, l’artiste de street art ne s’est jamais arrêté de dégainer ses bombes de peinture ! Planches de surf, de skate, toiles, statues sculptées, décalées, colorées, bombées, creusées sous fond de culture polynésienne sont à découvrir…

« Depuis ma première exposition, je ne me suis jamais arrêté ! Mon rythme de production artistique s’est même accéléré avec les années. Ça tourne à l’obsession ! Je suis un vrai passionné. Je prépare chaque année une nouvelle exposition en solo et je participe à de nombreuses opérations collectives d’art contemporain. » nous confie HTJ juste après avoir vérifié les derniers détails de l’agencement de cette exposition qui démarre pour douze jours à la galerie Winkler.

15 expos et plus de 25 ans d’art

Cette exposition anniversaire permet de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur…Depuis son premier concours de dessin gagné alors qu’il était en primaire à l’école 2+2 de Punaauia, le p’tit John n’a pas lâché ! « J’ai encore avec moi l’aquarelle reçue comme trophée et offerte par Louis Juventin pour ce concours. » Plus tard, passionné par le dessin et le graphisme, l’adolescent fait partie des premiers graffeurs tahitiens à taguer les murs de la ville. Comme une évidence, il choisit de poursuivre ses études dans une école supérieure de graphisme et de communication visuelle en métropole. Dès son retour au fenua, il expose dans la « grande » salle Muriavai à la Maison de la culture. Ce sera donc sa première exposition avec juste ses productions personnelles. Nous sommes en 2008. En 2009, HTJ intègre la galerie Winkler. C’est le début d’une belle histoire car chaque année, l’artiste nous y donne rendez-vous avec ses nouvelles œuvres.

Surf, grafitti et Polynésie

« Je suis ce fil conducteur qui me pousse à continuer de faire des recherches dans des domaines différents. J’expérimente de nouvelles méthodes, des matières. Je défais, je recommence tout en restant fidèle à mes influences artistiques profondes et majeures qui sont l’imagerie surfwear des années 80 et 90, le grafitti et la symbolique des légendes polynésiennes.» Ce qui donne la touche singulière aux œuvres de ce peintre-graffeur, qu’on ne présente plus à Tahiti ! « Mon travail est basé sur une constante remise en question. Je me pose des contraintes, je ne veux pas répéter, sinon je m’ennuie ; je continue de m’amuser en faisant découvrir la culture polynésienne à travers mon travail artistique ! »

33 œuvres à découvrir

On a noté parmi les curiosités de Fifteen, des planches de surf travaillées en profondeur laissant apparaitre des espaces vides. Parmi les œuvres aux couleurs pétantes, surgissent, des planches toutes blanches et des toiles toutes noires, des supports en bois de kohu avec des plaques de métal incrustées, une statue qui trône sur son socle. Un peu plus loin, une boule de corail, sculptée et cousue. «Elle vient de Tikehau où pendant des années coincée dans un hōā, la mer l’a façonnée. Elle m’a fait penser à l’œuf de Ta’aora, le créateur du monde dans la légende polynésienne. Tout était dans l’œuf et en explosant le monde s’est créé. Ce « tout » m’a inspiré Te po, un tryptique sur toiles qui place le « Tout » dans l’obscurité.  Je me suis amusé à détourner la légende. »  Et puis partout, quelque part, un Tiki guette le visiteur. « J’ai une fascination pour les Tiki depuis que je suis petit. Ça, ça n’a pas changé ! » Bienvenue dans le monde d’HTJ.

Texte et photos

Isabelle Lesourd

HTJ présente Fifteen

Du 12 au 24 octobre à la galerie Winkler. Entrée libre.
Horaires : du lundi au vendredi de 9 h à 12h30 et de 13h30 à 17 h. Le samedi de 8h30 à midi.