L’artiste peintre de Moorea, le père de Pito Ma « la BD culte polynésienne », débarque à la capitale avec ses nouveaux tableaux pour deux semaines. Une cinquantaine de toiles dévoilent le « murissement » de l’artiste et nous entrainent dans un voyage du figuratif vers l’abstrait.

Rencontre avec un peintre d’exploration…

Comment définis-tu ton travail artistique ?

Je suis un peintre d’exploration au style assez éclectique. J’aime m’aventurer dans de nouvelles voies, explorer des matières, des techniques…ce qui fait que les œuvres que je produis diffèrent selon les périodes de ma vie.

Alors, quoi de neuf pour cette exposition ?

Une destination vers l’abstrait. Je suis un peintre qui vient du figuratif et je vais vers l’abstraction. C’est un long cheminement, un travail qui consiste à me libérer des sujets. Cette expérience m’oblige à me positionner différemment. Cette recherche a commencé il y a dix ans, et là pour la première fois, je pense avoir franchi un grand pas. En me libérant des sujets, j’accède à de nouveaux espaces qui m’offrent une liberté que je ne connaissais pas. Le sens de l’exposition, salle Muriavai joue avec cette progression ; les tableaux s’enchainent dans ce défilement chronologique, en commençant par les figuratifs, en passant par la transparence pour finir par l’abstrait.

Quels sont les thèmes abordés dans tes peintures ?

J’ai commencé à préparer cette exposition en 2020 avec une série de toiles sur le thème de la femme en travaillant avec plusieurs modèles. Des corps qui dansent, se fragmentent se dissolvent, des femmes chamans, des femmes éléments vent, eau, feu, accompagnées parfois d’animaux totémiques, des poissons, des serpents… Un quart de l’exposition est consacrée aux femmes. Là encore, avec le temps, beaucoup de ces toiles ont glissé vers l’abstraction, les corps disparaissant doucement, passent par une transparence puis laissent place à des jaillissements d’énergie et de couleurs avec des prédominances de bleu, d’orange et de jaune.

Les techniques utilisées ?

Essentiellement de l’acrylique sur toile ! Je travaille avec des vernis, des pigments pour obtenir les effets de transparence.  Le nœud de mon travail, c’est la lumière. J’aime les effets de texture et de matières. Certains tableaux sont présentés dans des grands formats.

Trois bonnes raisons de venir voir ton exposition ?

La première : l’exposition ne dure pas longtemps et je n’ai pas montré de tableaux depuis plus de deux ans.

La deuxième : pour ceux qui connaissent mon travail, ces toiles n’ont rien à voir avec ce que j’ai pu déjà exposer.

La troisième : pour prendre tout simplement du plaisir à se baigner dans mes couleurs et découvrir un art abstrait que l’on voit peu encore en Polynésie aujourd’hui.

Propos recueillis par Isabelle Lesourd.

Exposition du 6 au 10 décembre, salle Muriavai, Maison de la Culture de Tahiti.
Vernissage le mardi 6 décembre à 18 heures.
L’exposition se poursuivra la semaine suivante à la galerie ‘Walk of Arts’ quartier du commerce, à Papeete du 12 au 17 décembre.