Sébastien Canetto nous présente sa première expo en solo. Depuis quelques jours, l’artiste-peintre a pris possession des lieux à la galerie Winkler en dévoilant une vingtaine de toiles « surréalistes » qui nous invitent à regarder la Polynésie d’un autre œil… Un rendez-vous artistique extravagant à ne pas manquer jusqu’au 22 novembre.

Des poissons qui volent, des oiseaux qui nagent, des fleurs qui poussent sous l’eau dans des coraux, des pieuvres qui flirtent avec des papillons, une baleine qui tente de traverser l’avenue « Prince Hinoi »… les dessins et les peintures de Sébastien Canetto nous transportent dans un monde imaginaire parfois drôle, parfois déroutant mais toujours avec un détail polynésien. Quelque part dans la toile, derrière un sujet, à côté ou en sous-entendu, flagrant ou voilé, l’élément, le symbole ou l’objet polynésien nous sort du songe, nous rattrape par un fil subtil et nous ramène sur terre ou dans la mer. Au fenua.

Inspiré par la Polynésie

C’est justement, ici, en Polynésie que ce diplômé en arts appliqués, vit depuis un peu plus de quinze ans. Après une carrière dans l’enseignement, il anime aujourd’hui des ateliers de peinture, tous les matins pour les adultes à l’Atelier Art & Craft situé à Fariipiti. Au fil des années, Sébastien s’est laissé séduire par la culture polynésienne et par les éléments qui la composent ; « La Polynésie n’est pas mon univers artistique, c’est l’univers dans lequel je vis ». La base de son travail est l’association entre l’abstraction et le surréalisme, la combinaison de deux mondes, qui normalement, n’ont rien à faire ensemble. En déformant la réalité, en associant des univers étrangers, l’artiste réussit à nous embarquer dans son monde poétique. Il n’y a rien à comprendre, chacun y voit ou y trouve ce qu’il veut ou ce qu’il cherche.

Papa rêveur

« J’ai fait beaucoup d’abstrait mais même si j’ai toujours été rêveur, l’aspect onirique de mon travail artistique s’est accentué en devenant papa. Je porte un autre regard sur le monde. Tous les jours,par exemple, j’essaie d’aller à la mer, à la Marina Taina avec mes enfants pour observer les poissons du ponton. L’océan m’inspire et pour moi, ce mana, cette énergie dont on parle ici, vient de l’océan, pas de la terre. La vie est beaucoup plus riche dans la mer ; les formes, les couleurs y sont incroyables. » Les poissons mais aussi les oiseaux, les fleurs ont une large place dans ses tableaux.

Du collectif au solo

Au fil des années, Sébastien Canetto s’est fait une place dans le milieu artistique polynésien, en attirant l’attention sur son travail ; il participe à des expositions collectives, notamment avec le Hamani Lab et le World Art Day Tahiti.  Il fonde également l’association « Les dessinateurs du fenua » pour mettre en avant les jeunes artistes. Il a mis un an et demi pour préparer vingt pièces sur le néo-surréalisme polynésien, principalement en acrylique sur bois classées en quatre collections : Lieux emblématiques, Faune et fleurs, Masques à la polynésienne et Spéciale. Parmi les œuvres présentées, on a retenu « Prince Hinoi », une scène urbaine présentant un Tiki porteur de Mana, de la circulation et des requins qui volent dans un arbre, ; on a été secoué par la collection plus noire des masques à la polynésienne où les crânes sont remplacés par des icônes de super héros, et se parent de rougets ou de pieuvres anguleuses ; puis ému par les oiseaux de paradis qui prennent racine dans des coraux. Un voyage onirique, fantastique à ne pas manquer.

Texte et photos
Isabelle Lesourd