L’artiste plasticienne Vai nous propose ce mois-ci deux rendez-vous. Le premier avec sa participation à l’exposition collective « Au féminin » à la galerie Naty’art de Taravao jusqu’au 11 février et le second, en solo, du 13 au 18 février à la boutique éphémère Fenua Galeries située à Papeete. L’occasion de découvrir ses drôles de vahine …

Professeur de dessin et d’arts plastiques au Centre des métiers d’art de Papeete, Vaihere Tauraa, connue sous son nom d’artiste Vai, n’a pas exposer son travail artistique depuis 2020…année de sa première exposition en solo qu’elle avait dû d’ailleurs réorganisée à cause des restrictions sanitaires et qu’elle avait proposée de façon virtuelle ! Une première qui avait été une réussite. En juin 2022, Vai fait partie des quatre artistes polynésiens sélectionnés pour exposer leurs créations au salon Révélations à Paris, la biennale Internationale des Métiers d’Art et Création française. Vaihere y présente une œuvre individuelle qui met à l’honneur la couronne polynésienne qui symbolise pour elle le rassemblement et la transmission du savoir-faire. L’artiste réinterprète la couronne locale en l’imaginant avec des écailles de poisson et des matières récupérées appelés « déchets » pour d’autres.

Des vahine nées dans la mélancolie

Après une période introspective plus discrète, l’artiste revient dans la lumière avec une série de toiles représentant des visages naïfs de vahine mises en scène dans différentes situations. Qui sont-elles ? « Peut-être moi, peut-être toi, pour être nous toutes ! Chacune peut s’identifier ou se retrouver dans un de ces visages. La première fois que j’ai dessiné cette vahine aux traits bien marqués, avec sa grande bouche et ses grands yeux, elle m’a fait du bien. J’étais dans une période de questionnements, je traversais une période difficile…elle m’accompagnait, m’inspirait et me réconfortait comme une amie imaginaire. Elle est revenue sur toutes mes toiles. Elle me ressemble peut-être par sa grande bouche. Pour la petite histoire, ma grand-mère me demandait de me pincer les lèvres quand j’étais petite car elle trouvait que c’était plus joli ! »

Du spleen à la colorthérapie

De ce spleen, est donc née, une vingtaine de vahine, aux formes généreuses, aux moues mélancoliques, aux grands yeux et aux cheveux bleus comme l’océan. « L’exposition s’appelle Māna’ona’o qui veut dire se faire du souci, mais aussi en langage courant se poser pour réfléchir. Chacune est entourée de couleurs, de fleurs, un peu comme un message qui dirait « Mettez des couleurs dans votre vie ou des paillettes pour la version Kévin ! Mes vahine ne sourient pas mais les couleurs omniprésentes qui les entourent, elles, sourient. En tout cas, pour moi, cette période créative a été une réelle colorthérapie ! » conclue Vai.

Isabelle Lesourd.

. Jusqu’au 11 février, Vai présente quelques-unes de ses toiles à l’occasion de l’exposition collective « Au féminin » à la galerie Naty’art de Taravao, centre Te Vahinerii face au lycée agricole.

Femmes artistes participantes : Artana’Here, Grand Noelani, Vai et Virginie Gourvil.

. Exposition Māna’ona’o en solo du 13 au 18 février à la boutique éphémère Fenua Galeries avenue du Maréchal Foch à Papeete (à côté du restaurant Le Sully).