Deux œuvres monumentales du sculpteur Teva Victor trônent depuis vendredi dans les jardins du Musée de Tahiti et des îles. Pendant deux mois l’artiste offre la possibilité au public de découvrir ses dernières sculptures et de vivre une expérience très particulière au contact de la pierre.

Vivre l’expérience d’une sculpture de grande taille. C’est ce qu’offre le sculpteur Teva Victor aux visiteurs du jardin du Musée de Tahiti et des îles. L’idée première était « de faire en sorte que le public puisse en profiter avant qu’elles ne partent vers les lieux où elles sont supposées aller » explique l’artiste. Une « très bonne idée » soufflée par des amis. « On me demande souvent quand sera ma prochaine exposition. Et bien non. Pas d’expo en ce moment parce que je ne fais que du gros, donc du coup ça part tout de suite. En en parlant avec des amis, ils m’ont demandé pourquoi, avant d’envoyer mes sculptures à l’étranger, je ne les expose pas dans un lieu public. » C’est maintenant fait !

Une solution idéale pour Teva Victor et cela à plusieurs titres. En premier lieu, cela permet au sculpteur de montrer aux gens ce qu’il fait dans l’année. « Je le fais déjà par les réseaux sociaux bien sûr, mais de voir malgré tout une œuvre finie, en vrai, c’est autre chose que de la voir en photo ». Et c’est certainement ça le plus important pour Teva Victor. Plus que de voir, c’est de vivre l’expérience du contact avec la pierre. « On ressent l’énergie, on ressent la puissance de la pierre, la taille de la pierre, on a une relation intime qui se crée du coup entre la pierre, la sculpture et soi. C’est quelque chose que l’on ne peut pas avoir sur photo. » Une expérience d’autant plus forte que les deux sculptures sont monumentales, chacune faisant plus de deux mètres de haut.

Deux mois pour en profiter

La première, Tu Mata Arii, achevée l’année dernière, représente un grand demi-visage « à l’expression inspirant à la fois la force et la plénitude », décrit l’artiste. Un visage que l’on a envie de regarder droit dans les yeux, avec une main posée sur le visage. L’expérience est bien réelle et l’énergie qui se dégage de cette pierre est puissante. Une expérience vécue en premier lieu par Teva Victor qui explique découvrir au fur et à mesure de son travail ce que la pierre veut bien lui montrer. « Avec la pierre en fait, on travaille en partenariat et c’est ensemble que l’on va se découvrir. C’est la pierre qui s’est montrée à moi. Je sais où je vais positionner le visage sur la pierre, je sais les proportions à peu près, mais j’avance à tâtons. Ce n’est que quand c’est fini que je peux la nommer. C’est en la regardant, en me posant, en me laissant juste absorber par l’émotion qu’elle me fait ressentir, que je peux la nommer. Je ne sais pas ce que ce sera à l’avance. J’ai juste l’idée de mettre un visage de cette manière-là, mais c’est tout. »

Puissante également, l’énergie qui se dégage de cet orgue basaltique dans lequel Teva Victor a sculpté deux tiki jumeaux, positionnés dos à dos. L’un parfaitement poli, l’autre émergeant à peine de la pierre brute. On y voit encore les traces des outils. « Ce qui est intéressant dans cette œuvre-là, c’est qu’il y a de multiples niveaux de lecture quand on tourne autour. On peut arriver sur l’un des angles et ne voir qu’un monolithe, sans aucune touche humaine. Si on commence à tourner autour, on découvre l’œuvre au fur et à mesure. » Une œuvre achevée il y a tout juste quelque jours et qui n’a pas encore de propriétaire, contrairement à la première qui rejoindra bientôt nos îles. Cette exposition publique est donc une occasion unique de découvrir ces deux sculptures monumentales. Vous avez jusqu’à fin janvier.