Les Journées européennes du patrimoine organisées par le Musée de Tahiti et des Îles, se sont déroulées du 16 au 18 septembre. Parmi les ateliers proposés dans les jardins du Musée, il en est un, qui n’a pas désempli. C’est celui de l’artiste Bernard Berbille, alias Bernie, qui a pris plaisir à initier son public à l’art de peindre à la terre sur du tissu. Une activité à en faire oublier les tablettes et les smartphones ! Nous y étions…

Tout commence par une histoire. Une histoire qui s’adresse aux petits, une histoire qui déculpabilise les plus grands de retourner en enfance le temps de l’atelier, un pitch qui met dans l’ambiance, qui plante le décor et qui titille l’envie de créer.

« On va peindre des étoiles. Moi, je ne les connais pas mais je sais qu’ici les navigateurs se fient à elles pour s’orienter sur l’océan. La bonne nouvelle, c’est que les scientifiques ont découvert que nous étions constitués à 97% de la même matière que celle des étoiles ! Nous sommes donc tous des étoiles. Je vous propose maintenant de peindre la vôtre, votre bonne étoile ou l’étoile que vous voulez offrir à quelqu’un que vous aimez…».

Et c’est parti pour une heure suspendue dans le temps, tous attablés face à un bout de tissu, avec à portée de main des pinceaux, des pochoirs, et des pots de terre mélangée à de l’eau. En face, la mer. A côté, l’atelier chant. Plus loin, celui des bijoux en coquillages. Ambiance 100% polynésienne. Après avoir donné quelques consignes et techniques, Bernie nous « laisse tranquilles ». Chacun imagine son étoile, dessinée au départ au pochoir. Les couleurs comme les dessins sont ensuite posés sur le tissu par touches grâce à une terre ocre ou blanchie par de la chaux.  En moins d’une heure, chaque élève termine son œuvre et repart fièrement avec…sa bonne étoile. Les ateliers sont bien rodés et ils s’enchainent, heure après heure. À peine le temps pour Bernie, de préparer le matériel pour une nouvelle session et de répondre à nos questions :

Qu’as-tu envie de transmettre à travers cet atelier ?

L’envie. L’envie de peindre. C’est tout, ça me rend heureux ! Je n’ai pas la prétention d’apprendre quoi que ce soit si ce n’est que l’on peut laisser aller son imagination avec des matières naturelles qui ne coutent rien. L’activité artistique devient accessible à tous ; ici, on peint sur des tissus mais ça peut être aussi sur des pierres ou sur des arbres. Le but, c’est de passer un bon moment et de réaliser que l’on peut se sentir bien aussi sans écran !

Quel est ton secret pour captiver l’attention et susciter l’intérêt de ton public ?

J’aime raconter une histoire pour plonger les enfants comme les adultes dans un univers propice à l’imagination et à la créativité. Ici, on parle d’étoiles. C’est beau une étoile. C’est poétique, on s’évade. Pour qu’un atelier fonctionne, il doit être bien préparé. On ne dirait pas comme ça mais chaque détail est pensé. Ensuite, je donne un cadre avec un sujet, des techniques et c’est à l’intérieur de ce cadre que chacun s’exprime.

Tu aimes toi-même utiliser et jouer avec les matières naturelles dans ton travail artistique. Pourquoi ?

Pour tout un tas de raisons mais, pour ne pas être trop long, je dirais que ça a d’abord été par défi, pour le plaisir de la recherche même si aujourd’hui l’urgence écologique change les règles du jeu pour nous tous.

Texte et photos, Isabelle Lesourd.