Rencontre avec l’artiste passionné et singulier Gaya. Vous pouvez découvrir son exposition « François Hippolyte, oeuvres trouvées, 1890-1905 » jusqu’au samedi 9 avril à la salle Muriāvaide la Maison de la Culture. Découvrez l’interview de cet artiste aux oeuvres  parsemées de symboliques profondes laissant une liberté de lecture à chacun.

Peux-tu te présenter ? 

On m’appelle Gaya et je suis un artiste qui vit à Tahiti depuis bientôt vingt ans.

 

D’où est née ta fibre artistique ?

Je ne sais plus, depuis toujours je pense.

 

Tu as beaucoup voyagé, pourquoi avoir choisi de vivre en Polynésie ?

En effet j’ai un peu voyagé, et c’est en Polynésie où je me suis posé. Pourquoi la Polynésie ? Bonne question !

 

Si tu devais décrire ton univers artistique actuel ?

Le « actuel » varie beaucoup chez moi je suis déjà sur pleins d’autres choses différentes les unes des autres, mais toutes relatives à la Polynésie. Sinon depuis les deux dernières années j’ai beaucoup travaillé, j’ai préparé une autre exposition personnelle très sympathique qui est elle aussi terminée et qui attend le bon moment pour se dévoiler…

 

Quelle est ta matière de prédilection ? Tes outils préférés ?

Je n’ai pas de matière de prédilection, hormis la matière grise, quant à mes outils favoris, je dirais mes yeux et mes mains.

 

Pour 2022, tu proposes une exposition sous forme de véritable investigation, comment est née cette inspiration ?

L’idée a commencé à germer autour de 2017-2018, je cherchais à « tuer Gauguin !», le mythe. D’où l’idée qui m’est venue de tester cela dans le domaine de l’art en essayant de faire croire à quelque chose d’incroyable !

« Gauguin aurait- il volé ou spolié le travail artistique d’un de ses contemporains ayant vécu à Tahiti lui aussi et qui aurait totalement disparu…jusqu’à aujourd’hui !? »

On ose à peine imaginer ce qu’une telle découverte pourrait engendrer dans l’univers de l’art. Si cela s’avérait vrai, cela aurait certainement l’effet d’une bombe artistique ! On parlerait, débattrait, ce serait énorme, ça ferait parler les bavards …

Au pays du mythe de Gauguin, faudrait-il rebattre les cartes ? Je me suis donc mis au travail, puis avec les années de plus en plus de gens commençaient à parler de fake news autour de moi… J’étais bien en phase avec mon époque.

Avec internet, on croit, on doute et on se méfie de tout, et de n’importe quoi, de son voisin, des étrangers, du climat, des vaccins, etc. Ça résulte en une méfiance accrue à l’égard des informations via les presses écrites, les télévisons, les journalistes, le tout bien sûr relayé et amplifié par les thèses les plus farfelues des complotistes, et autres quanons… On nous espionne, on nous manipule, on veut nous voler et avoir accès à nos moindres informations personnelles… Quand donc allons-nous brûler tous nos livres ?

D’où l’idée de surfer sur la vague du vrai et du faux, et de créer un personnage imaginaire pour cette exposition.

 

Quelle est ton œuvre préférée de Paul Gauguin ? 

Je n’en aime pas une particulièrement, par contre j’apprécie beaucoup ses travaux en peinture, sculpture et gravure. En revanche, je n’aime pas trop ses dessins aquarelles et ses céramiques.

 

Gauguin avait beaucoup voyagé et développé une dualité identitaire, il y a une certaine similitude dans votre parcours, qu’en penses-tu ? 

Touché !

 

Quels sont les artistes qui t’inspirent ? 

Celui dont j’apprécierai toujours l’œuvre restera Picasso, mais Il y a plein d’artistes dans le monde que j’apprécie et il en sort pleins tous les jours, ça donne le tournis !

 

Quels sont tes projets à venir ?

Comme vous le savez tous les ans il y a la WAD « World Art Day » à laquelle je participe depuis le début. En même temps chez moi c’est plutôt World Art Days, tous les jours, pas juste une fois par an. J’ai aussi une autre exposition qui arrive sur le thème des « collections », qui va durer trois mois au Fare Natura de Moorea.

 

Tu dispenses également des cours d’art plastique, quels sont tes conseils pour ceux qui ont envie de se lancer ? 

Oui en parallèle je donne des cours, c’est sympathique, on plaisante beaucoup, on ne se prend pas au sérieux, tout le monde charrie tout le monde mais ça bosse dur quand même !  Vous pouvez aller voir ce que font les élèves sur Facebook dans « les cours d’art de Gaya » vous verrez que ça travail sérieusement quand même… Mon conseil ce serait donc d’avoir envie de se lancer, et de le faire au lieu de se trouver des excuses tout le temps, ou de se dire qu’on n’a pas de talent. La grande majorité de mes élèves n’avaient aucune expérience en arts plastique avant de commencer.

 

Si tu devais choisir un mot pour définir cette nouvelle exposition ?

« Sacrebleu ! »