Originaire de Bordeaux, Bernard Berbille, Bernie de son nom d’artiste, s’est installé en Polynésie en 1997. Il y a vingt ans, ce peintre autodidacte, voyageur et curieux a entamé un concept artistique qui considère que la peinture doit être envisagée « comme de la musique pour les yeux ». Ce sont d’ailleurs différentes expériences musicales et des cours de percussions d’Afrique de l’ouest qui ont influencé sa façon d’aborder la peinture ! Le jeune baroudeur visite de nombreux musées en Europe, en Australie et aux États-Unis.

Dès son arrivée à Moorea, en 1997, c’est avec le mamu, cette terre réputée peu fertile qu’il choisit de s’exprimer. Rapidement, la nature dans son ensemble devient une source de matière première et d’inspiration comme par exemple avec le ‘autera’a, le maru maru, le cocotier, le myconia…

Selon l’artiste, les teintures et les couleurs naturelles ne sont qu’un moyen et pas une fin pour ses créations « la peinture doit être de la matière à penser, à rêver, à discuter, à se disputer ou se réconcilier ! On peut la voir comme une faille, une fenêtre sur les beautés du monde ; elle doit aussi savoir être un bouclier contre la violence de ce même monde.»

Les découpages, les coutures, les brulures et les empreintes diverses font partie de son vocabulaire graphique.

En 2020, il publie un recueil d’étude autour du cocotier et du corail chez Api Édition. Une exposition itinérante est organisée à cette occasion entre Tahiti et Moorea.

Depuis 20 ans, il travaille en parallèle de son art comme artisan-peintre-décorateur, intervenant dans différents lycées ainsi que dans la conception et la fabrication de costumes. « J’aime expliquer aux jeunes que trouver l’inspiration, c’est comme si on partait à la pêche aux idées au puhi puhi* dans la mer. Ça ne sert à rien de remuer dans tous les sens, les idées nagent plus vite que nous ! Il faut faire comme le pêcheur, prendre une bonne respiration et se laisser descendre. Arrivé au fond, faire une pause, redresser lentement la tête et souvent, pas loin, il y a un beau truc coloré et savoureux à flécher et à partager avec les copains ! ».

Bernie prépare actuellement une série de peintures « Délit de sale gueule », une série de « boucliers d’urgence » ainsi qu’un grand carnet sur les couleurs naturelles.